Organiser un événement sans générer de déchets, utopie ou future réalité ? C’est la question au cœur du webinaire organisé le 18 septembre 2025 par Zero Waste Paris. Réunissant expert·es, organisateur·trices et acteur·trices du réemploi, ce webinaire avait pour objectif de partager constats, bonnes pratiques et leviers d’action pour faire du réemploi une norme durable, et non plus une pratique marginale.
Au cours de ce webinaire, Zero Waste Paris a présenté les résultats des enquêtes réalisées en 2025 sur 12 événements sportifs et culturels du territoire d’Est Ensemble, grâce au fonds Zéro Déchet du territoire.
Ces enquêtes avaient pour but d’identifier les sources principales de déchets et de gaspillage, les problématiques quant à leur gestion et les pistes à développer pour limiter l’impact environnemental du secteur de l’événementiel.
Pour ce faire, des bénévoles de Zero Waste Paris ont été mobilisées lors de chaque manifestation afin de réaliser des entretiens avec les organisateur·trices, les participant·es et le grand public, et de collecter des données ainsi que des images.
Retour sur les enseignements clés de leurs observations.


Trop de déchets, pas assez de tri
Les événements culturels et sportifs génèrent une quantité importante de déchets. Selon l’ADEME, un festival de 5 000 personnes produit en moyenne 2,5 tonnes de déchets. Et côté restauration, le gaspillage alimentaire est également préoccupant : plus de 15 % des repas préparés finissent à la poubelle dans 1/3 des événements !
Malgré la loi AGEC de 2020 qui impose le tri à la source, la valorisation des déchets alimentaires, l’interdiction progressive du plastique à usage unique et une meilleure information du public, ces obligations légales doivent être accompagnées d’un soutien opérationnel pour être pleinement efficaces.
Les pratiques sur le terrain restent en effet très inégales. L’enquête menée par les équipes de Zero Waste Paris a révélé des lacunes dans la gestion des déchets : tri insuffisant ou mal signalé, usage généralisé de contenants alimentaires jetables souvent difficilement recyclables, mégots et canettes mal collectés malgré leur fort impact environnemental…
Des initiatives qui montrent la voie !
Heureusement, certains organisateur·trices montrent qu’un autre modèle est possible. Ils et elles s’appuient sur différentes bonnes pratiques. Par exemple : des points de collecte centralisés et clairs, la présence d’ambassadeur·drices du tri pour sensibiliser le public, la restauration sans vaisselle ou en vrac.
Dans les bonnes pratiques, on retrouve aussi l’accès à l’eau gratuit avec incitation à l’usage de gourdes, des supports de communication réutilisables ou numériques (QR codes, affichage grand format), la suppression des goodies et la mutualisation du matériel.



Des témoignages inspirants
Lors du webinaire, des acteur·trices engagé·es ont partagé leurs expériences :
- Le festival La Douve Blanche a ainsi intégré le zéro déchet dans sa démarche RSE avec vaisselle réutilisable, suppression des bouteilles plastiques, tri généralisé.
- L’association Aremacs accompagne les événements dans la mise en place du tri, la sensibilisation et le suivi des déchets.
- Uzaje propose des solutions de réemploi pour la vaisselle, avec un modèle économique transparent et mutualisable.
- Envie de Laboqui intervenait avec une double casquette : acteur du réemploi d’appareils électroniques et électroménagers et l’organisateur du festival “Les Enviebrations”. Son objectif est de démontrer le potentiel du réemploi et de sensibiliser le grand public au zéro déchet dans une ambiance conviviale et culturelle.
- Enfin des structures comme le REFER ou La Réserve des Artsœuvrent pour leur part à structurer le secteur du réemploi, en créant des filières locales et en favorisant la coopération entre collectivités, associations et prestataires.
Quels leviers pour généraliser le réemploi ?
Le réemploi dans l’événementiel répond à des enjeux environnementaux, économiques et sociaux. Pour qu’il devienne la norme, plusieurs leviers ont été identifiés :
- Un soutien financier pérenne aux acteur·trices du réemploi ;
- Une meilleure sensibilisation du public et des organisateur·trices ;
- Un cadre réglementaire plus incitatif ;
- Des partenariats solides entre les différents acteur·trices du territoire : collectivités, associations et prestataires ;
- Une valorisation des initiatives exemplaires.
Conclusion : faire du réemploi une évidence
Le réemploi ne doit plus être perçu comme une pratique ponctuelle répondant à un simple effet de mode, mais comme une pratique essentielle et structurante. Il ne doit plus être une option, mais devenir une habitude et une norme.
En mobilisant les bons outils, en s’appuyant sur des acteurs engagés et en affirmant une volonté politique forte, il est possible de transformer durablement le secteur événementiel pour qu’il devienne exemplaire en matière de sobriété et de responsabilité environnementale.
C’est grâce à ses permanentes et à ses bénévoles qui se sont mobilisées sur cette action que Zero Waste Paris a pu apporter aux collectivités et aux organisateur·trices d’évènements réunis par Est Ensemble une vision structurée et opérationnelle pour les aider à faire évoluer leurs pratiques vers un modèle plus durable et circulaire. Un grand merci à elles toutes !