Paris face à ses déchets : le nouveau plan est-il à la hauteur ?

À Paris, chaque habitant·e jette en moyenne 450 kg de déchets par an, soit près de 973 000 tonnes.

C’est énorme quand on sait que 70 % de ces déchets pourraient être valorisés autrement qu’en étant incinérés ou enfouis. Pour changer la donne, la Ville de Paris a lancé son nouveau PLPDMA (Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés) pour la période 2024-2030.

Son ambition ? Réduire de 100 000 tonnes les déchets produits d’ici 2030 et tripler le taux de valorisation (réemploi, tri, recyclage). Des objectifs qui visent à contribuer, en cohérence avec ceux du Plan Climat 2024-2030, à la réduction d’ici 2030 d’au moins 32% des émissions de gaz à effet de serre liées au traitement des déchets.

Mais que contient vraiment ce plan ? Et surtout, est-il à la hauteur de l’urgence écologique ? On vous explique tout, avec le regard critique (et constructif) de Zero Waste Paris.

Qu’est-ce que le PLPDMA ?

Le Programme Local de Prévention des Déchets Ménagers et Assimilés – ou PLPDMA – de Paris est un plan stratégique mis en place pour réduire la quantité de déchets produits par les habitant.es et améliorer leur gestion.

Ce plan s’inscrit dans un cadre légal : depuis le 1er janvier 2012, toutes les collectivités doivent élaborer un PLPDMA dans le droit fil de la politique nationale qui est déclinée dans le plan national de prévention des déchets.

Le programme doit définir des objectifs de réduction des quantités de déchets et les actions à mettre en œuvre pour les atteindre.

Il est établi pour 6 ans et doit faire l’objet d’un suivi annuel des performances. Il s’agit donc d’un outil de pilotage de la stratégie de prévention des collectivités.

Le nouveau PLPDMA de Paris (2024–2030)

Le nouveau PLPDMA de Paris allie des mesures de prévention – réduction, réemploi, réparation, lutte contre le gaspillage – et des mesures relatives à la qualité du tri, préalable au recyclage et à la valorisation matière et organique.

Ces mesures s’appuient sur des retours des citoyen·ne·s, avec plus de 200 propositions recueillies lors de la dernière consultation publique qui a eu lieu entre le 20 juin et le 30 septembre 2024 via la plateforme « Décider pour Paris ».

Le plan s’articule autour de 8 axes et 24 mesures concrètes :

• Il vise à encourager une consommation plus responsable en soutenant le réemploi, la réparation, les collectes de proximité et l’économie sociale et solidaire.
• Il ambitionne de repenser le tri à domicile, notamment via un accompagnement personnalisé des immeubles.
• Les professionnel·le·s sont incité·e·s à s’engager dans le zéro déchet à travers la consigne, la sensibilisation sur les marchés et une redevance spéciale.
• Le gaspillage alimentaire est combattu grâce à la collecte et au compostage.
• Le tri dans l’espace public est renforcé, notamment avec un plan Mégots.
• Le secteur du bâtiment est mobilisé autour du réemploi, sur les chantiers municipaux comme privés.
• Une meilleure information et sensibilisation du public est déployée pour faire connaître les bons gestes et lieux de dépôt.
• Enfin, la Ville de Paris entend être exemplaire en diffusant la culture de la prévention des déchets à l’ensemble de ses services et agent·e·s.

Le point de vue de Zero Waste Paris sur le nouveau PLPDMA de Paris

Le 10 février dernier, deux de nos membres ont assisté au lancement de ce nouveau PLPDMA à l’Hôtel de Ville de Paris, et, malheureusement, la présentation nous a laissé·e·s sur notre faim :

• Pas de budget détaillé pour chaque action. Difficile donc de juger de la faisabilité.
• Pas d’objectifs par type de déchets, alors que chaque flux (textile, biodéchets, BTP, etc.) demande des actions spécifiques.
• Peu d’indicateurs de suivi et pas assez de bilans intermédiaires pour évaluer les résultats.
• Une gouvernance floue, sans comité de suivi citoyen ni outil de pilotage collaboratif.
• Une concertation limitée, alors qu’un dialogue continu avec les habitants et les acteurs locaux est essentiel.

Ce que Zero Waste Paris attend d’un tel plan

Pour faire de ce plan un véritable levier de transformation, Zero Waste Paris appelle à :

• fixer des objectifs plus précis par catégorie de déchets et des actions différenciées pour les biodéchets, les encombrants, le textile ou encore les déchets du BTP ;
• proposer des actions ciblées et reproductibles, ancrées localement (soutien aux ressourceries et au compostage de quartier, partenariat avec les acteurs de l’économie circulaire et solidaire, mesures pour les gros producteurs de déchets (événementiel, BTP…) ;
• publier un budget annuel clair et transparent ;
• mettre en place un suivi régulier et public, avec des bilans annuels pour évaluer l’impact environnemental, social et économique des actions et rendre compte des avancées ;
• associer les citoyen·ne·s, associations et expert·e·s dans la gouvernance ;
• prévoir des espaces de concertation continue, tout au long du projet en intégrant des idées issues des territoires (quartiers, villages urbains…) ;
• et surtout, avoir une vision de long terme, traduite dans un calendrier clair et engageant avec une feuille de route en trois phases (lancement, déploiement, évaluation) et une révision prévue à mi-parcours en fonction des résultats.

En résumé

Le PLPDMA version 2024-2030 a le mérite de fixer un cap ambitieux pour Paris.

Mais un cap sans boussole reste flou : sans budget précis, indicateurs concrets ni vraie concertation continue, difficile de savoir si ce plan tiendra la route.

Chez Zero Waste Paris, nous pensons qu’un vrai changement passe par plus de transparence, de moyens et de participation citoyenne.

Ce n’est qu’avec toutes les parties prenantes autour de la table que Paris pourra devenir une ville exemplaire en matière de gestion des déchets. Moins de promesses, plus d’actes concrets : c’est ce que les Parisien·ne·s attendent… et méritent !