Bébé avec une couche lavable sur une couverture. On ne voit que le bas du corps du bébé, le reste est hors champ.

Bébé zéro déchet : témoignage d’un jeune parent

Comment faire du zéro déchet avec un enfant en bas âge ? Peut-on vraiment tout trouver en occasion ? Et les couches lavables, vraiment ? Récemment devenu parent, un bénévole de Zero Waste Paris partage son expérience et ses astuces.

Cet article a été proposé et écrit par Guillaume. Merci à Julie, Julia, Morgane, Simon et (l’autre) Guillaume pour la relecture et les suggestions.

Ma conjointe et moi-même sommes devenus parents il y a environ deux mois. Engagés dans une démarche zéro déchet depuis plusieurs années, il était évident pour nous de continuer à tenter de limiter nos déchets malgré ce changement de vie.

Ce billet a pour objectif de partager notre témoignage : ce que nous avons fait et qui a bien marché, ce qui a moins bien marché, et les déchets que nous n’avons pas réussi à éviter.

Bien sûr, n’étant parents que depuis peu, ce témoignage va se focaliser principalement sur la préparation en amont de la naissance et les premières semaines.

1. Préparer la chambre et s’équiper en mode “rien de neuf”

Que ça soit pour l’ameublement de la chambre de l’enfant, la poussette, les couches, les vêtements (pour l’enfant mais aussi pour la grossesse), privilégier des alternatives au neuf présente ces avantages :

Un impact environnemental grandement réduit, puisque la phase la plus impactante du cycle de vie d’un objet est en général sa conception.

Des économies de fou ! En comparant le prix de ce qu’on a acheté d’occasion et de ce qu’on aurait dû payer si on avait pris du neuf, on a constaté 50% d’économie ! Et encore : ce calcul ne prend en compte ni ce que des proches nous ont donné, ni le fait qu’on récupérera une partie de notre mise quand on revendra ces objets dans quelques années.

D’un point de vue sanitaire, il est préférable d’éviter les meubles neufs, puisque ceux-ci vont diffuser des polluants dans l’air ambiant durant les premières années. De même, utiliser des vêtements déjà lavés permet d’éviter de s’exposer à certains polluants. Et si les conseils de lavage ont été bien suivis, le textile est plus confortable pour bébé.

En ce qui concerne les habits (de grossesse ou pour l’enfant) : ceux-ci ne seront utilisables que quelques mois au mieux. Autant dire que des achats neufs ne seraient pas rentabilisés… Dans l’objectif d’une revente d’occasion à l’issue de l’usage, prendre soin des tâches en utilisant un savon détachant pour les débordements.

En pratique nous avons réussi à trouver (presque) tout notre bonheur grâce à :

  • des plateformes en ligne (LeBonCoin, Vinted) ;
  • des dons et prêts de proches qui avaient eu des enfants avant nous ;
  • la location en pharmacie d’un berceau premier âge.

Les limites et difficultés

Pour certains objets très convoités il faut parfois s’armer de persévérance. Dans notre cas : tous nos proches nous avaient conseillé un modèle de poussette bien particulier. S’agissant d’une marque très convoitée, nous avons été en concurrence avec de nombreux autres jeunes parents. Nous avons ainsi dû répondre à une dizaine d’annonces avant d’en acquérir une. Mais notre persévérance et notre réactivité ont payé puisque nous avons réalisé presque 60% d’économie sur la poussette.

Pour des raisons sanitaires nous avons opté pour du neuf pour la tétine et les biberons.

L’anticipation est primordiale : nous nous sommes aperçus à quelques semaines du terme qu’il nous manquait un élément (pas évident d’être sûr de tout ce qu’il faut avoir lorsqu’il s’agit de son premier enfant !) et que celui-ci ne semblait pas disponible sur LeBonCoin. Compte tenu des délais, nous avons opté pour du neuf pour l’objet en question.

Nos astuces

Anticiper ! Nous avons commencé à nous équiper dès la fin du 3e mois de grossesse, ce qui nous a permis d’acquérir à peu près tout d’occasion aisément.

Des sites permettent de créer des listes de naissance en y faisant figurer des objets déjà achetés. Cela permet aux proches de participer à l’arrivée de l’enfant sans être tentés d’acheter du neuf, puisqu’ils peuvent contribuer à posteriori aux achats qui ont déjà été effectués d’occasion. D’ailleurs partager une telle liste de naissance devient alors une occasion de communiquer sur cette approche “rien de neuf” 😉

2. Les soins de l’enfant avec des produits réutilisables

Couches lavables et lingettes lavables sont des alternatives réutilisables simples à mettre en œuvre. Les avantages sont :

  • une empreinte carbone grandement réduite ;
  • des économies de fou ! De l’ordre d’au moins 40% d’après ces calculs ;
  • d’un point de vue sanitaire, ça évite d’exposer l’enfant aux polluants que l’on retrouve dans les couches jetables.

Par ailleurs, on a opté pour nous équiper en couches lavables d’occasion afin d’améliorer tous ces aspects. Ça dilue d’autant plus l’impact environnemental de la conception des couches et ça revient encore moins cher.

Les limites et difficultés

Pour la 1re semaine, on a opté pour des couches jetables : les premiers jours à la maternité ont déjà été riche en découvertes et ne permettaient pas d’accéder facilement à un lave-linge. Nous avons attendu le retour à la maison pour nous lancer. La bonne nouvelle, c’est que l’on peut racheter des couches jetables à d’autres parents à qui il reste des stocks inutilisés ! Nous avons ainsi trouvé des couches jetables pour nourrisson sur Vinted. 

Il n’existe à notre connaissance pas d’alternative réutilisable satisfaisante pour le soin des yeux (pour lequel on utilise des compresses stériles et du sérum physiologique) et le soin du nez (pour lequel on utilise des cotons jetables que l’on peut torsader finement).

On ne sait pas trop sur quel pied danser au niveau du liniment : certains blogs zéro déchet recommandent de le faire DIY, mais il ne nous semble de toute façon pas possible de trouver les ingrédients de base en vrac. De plus il semble déconseillé d’utiliser du liniment avec des couches lavables, car l’huile tend à imperméabiliser les textiles absorbants.

Nos astuces

Cette étude de l’Ademe donne des bonnes pratiques qui permettent de réduire d’autant plus l’impact environnemental des couches lavables. On y trouve notamment : réutiliser le voile de protection plusieurs fois, réutiliser les couches et absorbants pour plusieurs enfants, laver les couches et absorbants à basse température, sécher les éléments à l’air libre

Dans certaines régions, il existe des organismes qui proposent la location des couches et qui peuvent assurer leur lavage.

Une mention concernant les suites de couche pour la maman : étant donné les saignements très abondants après l’accouchement (pour un temps relativement court), l’utilisation de protections hygiéniques jetables spécifiques (XXL) nous a semblé plus adaptée qu’une éventuelle alternative réutilisable, car il est impossible d’utiliser une cup durant cette période et les serviettes lavables habituelles ne sont pas adaptées.

En revanche, il est possible de racheter des protections hygiéniques jetables à d’autres mamans à qui il reste un stock inutilisé ! Nous en avons ainsi trouvé sur Vinted ! Par ailleurs, concernant les slips spécifiques maternité, il est rarement indiqué lors des cours de préparation à la valise de maternité qu’il en existe des lavables (filet ou panty). Il est même possible d’en acheter de seconde main sur Internet.

3. L’alimentation des premiers mois

Ma conjointe a fait le choix d’allaiter, ce qui a réglé d’office la question des déchets pour l’alimentation du bébé.

Petite info toutefois pour les parents qui n’ont pas recours à l’allaitement : d’après AMELI l’eau du robinet est complètement indiquée pour les biberons, sous réserve de ne pas habiter dans un vieil immeuble avec des canalisations en plomb.

Par ailleurs, certains bébés apprécient l’eau à température ambiante. On peut tirer de l’eau quelques heures en avance dans une carafe fermée pour faire évaporer le chlore et prendre la température ambiante.

Les limites et difficultés

L’allaitement a beau être un phénomène naturel, il peut être (très) compliqué à mettre en place si on n’est pas bien accompagné.

Nos astuces

La documentation disponible sur le site de La Leche League est une mine d’or pour les mamans qui souhaitent allaiter. Et le soutien que peuvent apporter leurs bénévoles peut être d’une grande aide. Par ailleurs, l’allaitement peut ne pas être exclusif.

Concernant le point très précis des coussinets d’allaitement, il est rarement indiqué lors des cours de préparation à la valise de maternité qu’il en existe des lavables (disques de coton ou bambou absorbants). Il est même possible d’en acheter de seconde main, sur les plateformes web déjà mentionnées.

Conclusion

Notre expérience montre que l’adoption d’une démarche zéro déchet pour préparer la venue d’un enfant peut se décliner de nombreuses manières et qu’elle s’accompagne d’intérêts environnementaux, économiques (de l’ordre de 50% d’économie comme détaillé plus haut) et sanitaires.

Nous espérons que des futurs et des jeunes parents trouveront ce témoignage utile. Bien sûr des témoignages complémentaires d’autres parents seraient intéressants et nous serions ravis de lire vos astuces — et vos difficultés — dans les commentaires.

Retour en haut