Le 15 juin dernier a eu lieu une rencontre technique sur les déchets ménagers et assimilés (DMA pour les intimes), organisée par l’Observatoire Régional des Déchets en Ile-de-France. Zero Waste Paris et plusieurs groupes locaux du réseau Zero Waste, notamment Ose zéro déchet Essonne et Zéro déchet Saint-Maur, ont participé à cette rencontre.
Nous y avons notamment appris que 2021, année étudiée dans le cadre de cette présentation, avait été une année record au niveau régional en termes de déchets.
C’est l’occasion de faire le point sur les déchets en Île-de-France. Voici quelques informations et chiffres clés (attention, spoiler : il n’y a pas de quoi se réjouir !), et un tour d’horizon des mesures mises en place pour leur gestion et leur prévention.
Pour celles et ceux qui ne maîtrisent pas toujours le jargon du secteur des déchets, un lexique est disponible en fin d’article.
Chiffres clés des déchets en Île-de-France : un tonnage record
Le tonnage de déchets en 2021 est le plus élevé enregistré depuis 2000. En 2021, la collecte de DMA a augmenté de 4% par rapport à 2020, avec 476 kg de déchets par habitant et par an, soit +25kg par habitant. Quand on vous disait que ce n’était pas réjouissant !
Pour rentrer plus dans les détails, les OMR diminuent, mais les emballages et le flux déchetterie augmentent. L’augmentation est de +9kg sur les déchets du quotidien (notamment les emballages) et +16kg sur les déchets occasionnels (encombrants).
Focus sur la collecte sélective
Sur ce sujet, commençons par un peu d’histoire : en France, c’est en 1992 qu’a été mise en place la collecte sélective des déchets pour la première fois, en vue de leur recyclage (avec la loi du 13 juillet 1992 relative à l’élimination des déchets).
Mais actuellement, seuls 30 à 40% des déchets recyclables sont captés : imaginez un métro de 10 stations mis en route il y a 30 ans qui ne dessert que 3 ou 4 stations au lieu des 10 (rendons à César ce qui est à César : cette comparaison a été utilisée par Helder De Oliveira, directeur de l’ORDIF).
Focus sur les biodéchets
85% des collectivités sont actuellement engagées dans la démarche de tri à la source des biodéchets, que ce soit au stade de l’étude de faisabilité ou de la mise en place. Mais pour le moment, les infrastructures mises en place sur le territoire sont peu nombreuses.
Pour rappel, avec la loi AGEC, dès le 1er janvier 2024, les collectivités devront proposer une solution de tri à la source des biodéchets pour tous leurs habitants.
Les chiffres records évoqués plus haut s’inscrivent dans un contexte particulier puisque l’année 2020 n’est pas représentative en raison des périodes de confinement, qui ont modifié les comportements de consommation.
La conclusion de ces chiffres n’est néanmoins pas à minimiser : cette année 2021 représente bien un retour en arrière puisque la quantité de déchets est plus élevée que celle de 2019 (462kg / hab / an).
Il est donc plus que jamais nécessaire d’avoir des objectifs ambitieux et de mettre en place des mesures fortes pour réduire la production de déchets sur le territoire francilien.
Les objectifs du PRPGD
Le PRPGD ou Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets prévoit des objectifs concrets de réduction des déchets en Île-de-France.
Parmi ces objectifs, on peut citer :
- Réduire de 10% les DMA en 2025 par rapport à 2010 (NB : la loi AGEC parle d’un objectif à -15% en 2030). Pour mieux se rendre compte de ce que représente cette réduction, voici des valeurs cibles prévues dans le PRPGD : 451 kg de déchets par habitant et par an en 2020 et 429 kg/hab.an en 2025. À noter : les chiffres actuels ne vont pas dans ce sens, puisqu’en 2021 l’Île-de-France a atteint 476 kg de DMA par habitant et par an en 2021, avec une augmentation depuis 2015.
- Réduire le stockage (enfouissement) des DMA : moins de 10 % des DMA en 2031. Pour rappel, la loi AGEC interdit désormais de stocker des déchets valorisables (depuis le 1er janvier 2022).
- Atteindre les 15% d’habitants franciliens soumis à la tarification incitative et 100% des territoires engagés dans une étude de faisabilité de tarification incitative en 2025. Pour rappel, en 2021, seulement 1,6% de la population francilienne était couverte par une tarification incitative.
Et aussi : doubler l’offre de réemploi à l’horizon 2031 ; favoriser le déploiement du compostage de proximité ; généraliser les codes couleurs des bacs de tri du verre et des emballages ; améliorer les performances de collecte sélective ; densifier, rationaliser et moderniser le parc des déchetteries publiques.
Que penser de cette situation des déchets en Île-de-France ?
Comme on le voit dans le PRPGD, les ambitions sont là et des objectifs concrets sont déjà fixés. Mais là où le bât blesse, c’est que ces ambitions ne sont pas suivies d’effets ! Les mesures prises pour atteindre ces objectifs ne sont visiblement pas suffisantes.
En bref, il est nécessaire d’aller plus vite, plus fort pour réduire les déchets et le gaspillage.
Envie de creuser le sujet ? Vous pouvez retrouver plus d’informations, ainsi que les supports de présentation et le replay de cette rencontre organisée par l’ORDIF sur ce lien.
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Lexique
- OMR = Ordures ménagères résiduelles (pour faire simple : les déchets du quotidien, sans les déchets mis à la poubelle jaune)
- OMA = OMR + Collecte séparée
- DMA = les ordures ménagères résiduelles + les déchets ménagers collectés séparément (collectes sélectives multimatériaux, biodéchets des ménages et des collectivités), les déchets des activités économiques collectés par le service public, les encombrants des ménages et les déchets collectés en déchetterie
- Biodéchets = déchets putrescibles, notamment déchets de cuisine
- PRPGD = Plan régional de prévention et de gestion des déchets
- PLPDMA = Programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés